Lecture analytique : L’Île des esclaves, Marivaux (1725), Le portrait d'Euphrosine

Texte 15 : Le portrait d'Euphrosine



I-                    Une maîtresse aux nombreux défauts
a)      La longue liste de toutes les critiques
-          « vaine minaudière et coquette » : accumulation de 3 défauts
-          « partout, à toute heure en tous lieux » : ses défauts la suivent où qu’elle aille, montre l’omniprésence du mauvais caractère
-          « il ya tant de choses, j’en ai tant vu, tout remarqué » accumulation qui amplifie les défauts
-          « mais par où commencer » : Cléanthis est désarmée face à la quantité de défauts
-          « je m’y perdis » : métaphore, il y en a trop
b)      Tout et son contraire, un blâme total, versatile, lunatique
-          « elle est triste, elle est gaie » : antithèse, parallélisme : elle est capable d’avoir des attitudes complètement opposées
-          « Madame se tait Madame parle » : antithèse
-          « tristesse et joie » : antonymes parfaits, oxymore pour exprimer le caractère changeant d’Euphrosine
-          « contente ou fachée » « silence, discours » : oxymores
-          Parataxe juxtaposées permet un rythme très rapide, aussi rapide que les changements d’humeur d’Euphrosine
-          Les répliques de Cléanthis s’opposent « Madame se lève, a-t-elle bien dormi » « Madame, au contraire, a-t-elle mal reposé ? » : locution adverbale « au contraire » qui accentue cette opposition
-          Répétition de « madame »
-          « c’est tout un » : montre que Madame regroupe tous les caractères possibles
Euphrosine est obligée d’écouter ce portrait d’elle et cela est difficile pour elle
II-                  Le miroir douloureux de la vanité
a)      Une peinture caricaturale
-          « vaine » « vanité »
-          Champ lexical de l’apparence « coquette » « minaude » « visage » « regard » « « regard » « coquetterie » « belle » « habille » « verra » « visage » « voir » « miroir » « enlaidit » « me montrer » -> comique de caractère
-          « Curieuse et jalouse » : rythme binaire accentuant la vanité
-          « c’est vanités muette » « c’est coquetteries  babillardes » : objet
-          « elle ira aux spectacles, aux promenades, aux assemblées » : tous ces lieux sont des lieux où on se montre
-          « on se mire, on éprouve son visage » : rythme binaire
-          « des yeux battus, un teint fatigué, voila qui est fini » : réaction disproportionnée face à la situation
-          « son visage peut se manifester … il n’y a rien à craindre » : métonymie, seul le visage importe
-          « cela lui ressemble comme son visage » : comparaison qui donne l’impression qu’Euphrosine porte le masque de la coquette
b)      Une peinture qui révèle le vrai
-          Douleur d’Euphrosine, il n’y a que la vérité qui blesse : « n’en voila-t-il pas assez, monsieur ? » « je n’y saurais » : négations qui montrent quelle a du mal à supporter
-          « Monsieur » : apostrophe à Trivelin, presque comme une plainte pour arrêter le supplice
-          1ère personne « qu’on m’apporte un miroir » : Cléanthis joue le rôle de sa maitresse
-          « comme me voila faite » « que je suis mal bati » + interjection « ah »
-          « qu’on m’habille » « ne me regardez pas » : le théâtre dans le théâtre permet de montrer des réalités, Donc Cléanthis peut ainsi révéler ce qu’elle endure au quotidien
-          « Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n’est point moi » : Cléanthis sait comment pense sa maitresse
è Effet comique car l’esclave se moque de sa maîtresse. Caricature qui suscite dans un premier temps le rire puis la reflexion.
III-                Du rire à la critique sociale
a)      Logorrhée de l’esclave
-          « mais par où commencer » : elle a tellement de choses à dire quelle ne sais pas par où commencer
-          Cléanthis a le plus de texte
-          Rythme effréné du aux accumulations
b)      Mise en valeur des conflits des classes sociales
-          Euphrosine associée à la vanité « coquetterie »  « vanité »
-          Cage sociale : « voila ce que c’est »
-          « Madame » : satirique. S’oppose à « nous autres esclaves » : communauté.
-          Cléanthis parle pour tous les opprimés, généralise sa propre condition d’esclave -> forte opposition aux maitres

Conclusion : La scène 3 est donc le blâme que Cléanthis fait d’Euphrosine, forcée de l’écouter. C’est ainsi que commence la rééducation de la maîtresse. La scène est une prise de conscience d’Euphrosine mais aussi pour le spectateur qui voit, dans ce portrait, ses propres défauts. Une fois de plus, la clairvoyance des valets est mise en valeur. Ils ouvrent les yeux de leurs maitres.