Texte 12 : Lotte, la petite-fille lucide
(p.95-97)
Intro : Au fil du roman, les narrateurs se succèdent
révélant tour à tour et peaufinant un portrait de plus en plus précis de
l’odieux personnage principal. Dans la 16ème section au centre du
roman, cette polyphonie donne la parole à Lotte, la petite-fille du critique
mourant.
En quoi la parole de l’enfant
se montre-t-elle particulièrement propice à énoncer des vérités sur les
personnages qui l’entourent ?
I-
L’innocence de la narratrice
a)
Son langage
-
Surnoms familiers « Granpy »
« Granny » « Maman »
-
La syntaxe
-
« et puis » x4
-
« et »
-
Répétition, lourdeur
-
Parataxe
-
« j’aime bien » / « j’aime
pas » : opinion affirmée
-
Déformation des mots « Rudgrenèle »
-
Interjection « zou »
-
« bizarre » : maladroit
-
« c’est » « voila »
« voici » : présentatif
-
mauvais temps utilisé l.1
-
« parce que » +subordonnée
Le langage enfantin nous plonge dans la conscience du
personnage. Le lecteur a accès à la voix intérieure.
b)
Son âge
-
Lotte : diminutif affectueux
-
Champ lexical du jeu « histoire » x3
« jouer » « jouais » « rire »
« square »
-
« histoires de grandes personnes »/
« enfants »
-
« venez les enfants » : apostrophe
-
« gros yeux tout noir » : hyperbole
-> merveilleux
-
Métaphores et comparaisons avec les galets l.13
-
Evocation du chat Rick
La voix d’un enfant rend le lecteur confiant, absence
d’hypocrisie contrairement à d’autres voix du roman. Malgré son jeune âge, elle
apparait très lucide.
II-
Lucidité
a)
Une connaissance du monde qui l’entoure
-
Nombreux verbes qui renvoient à la connaissance
« je sais »
-
« Jean est malade, oui il est très
malade » : épanorthose -> certitude
-
Interjection « oui » : conviction de
l’enfant
-
« Quand je pose des questions » l.41 :
présent d’habitude -> volonté de comprendre
-
« je sais aussi beaucoup d’autres
choses » : adverbe quantitatif + pluriel -> renvoie à l’étendue de
ses connaissances
-
« ça je le sais » : formule emphatique
+ déplacement repris pas un pronom
-
Sentiments révélateurs sur son grand-père : « j’aime
bien Granny, mais je n’aime pas Granpy » : antithèse -> fruit d’une
réelle lucidité sur le monde qui l’entoure
b)
Une compréhension au delà des apparences
-
« Granpy malade ? » : remise en question
de la parole de l’adulte
-
L.41 : essaye de détourner + reprise anaphorique
de « que » + conjonction de
coordination adversative « mais -> elle ne se contente pas de croire sa
mère
-
« mais je voyais bien que Granny était triste » :
antithèse
-
Chiasme l.52 : structure complexe qui s’inscrit
dans une situation complexe que l’enfant comprend
III-
Des vérités qui surgissent
a)
Une famille déstructurée
-
« Granpy » x10 ; « Granny »
x9 ; « maman » x4 -> la petite fille révèle les problèmes
inhérents à la famille
-
Compléments du nom : « fille de la sœur de
Paul » -> embrouille le lecteur
-
Accumulation de gens présent au diner l37, la phrase
avance par sursaut
-
Parallélisme + antithèse « aimer » « détester »
-> évoque les haines familiales + « aimer » associé à une
négation
-
Anaphore « que » :
lourdeur -> poids de la tension familiale
Le centre de ces tensions familiales à travers le regard de
la fillette apparait très vite être le personnage principal
b)
Le blâme du personnage principal
-
Antithèse « j’aime » « j’aime pas »
-
Epanorthose l.4 : pire qu’au début de la phrase.
Odieux avec des petits enfants
-
Epanorthose l.28 + italique
-
« il me fait peur, il a des gros yeux tout noirs,
il est pas content de nous voir » : accumulation +paronomase
-
« Il n’aime pas les histoires, il n’aime pas les
enfants » : tournure binaire -> personnage misanthrope
-
Paroles rapportées « qu’on les fasse taire » :
subjonctif injonctif. Inhumain.
-
Granpy était parti, on ne l’a plus revu » :
rupture avec sa famille
Conclusion :
Ainsi, à travers le regard inattendu d’une simple fillette,
le lecteur se voit confirmer la situation familiale tendue et les défauts du
terrible personnage principal. Le regard neuf et authentique porté sur la
situation apporte une dernière touche au portrait péjoratif du critique.