Lecture analytique : Une gourmandise, Muriel Barbery (2000), l'explicit

Texte 13 : L'excipit, un passionné. De la gastronomie à la simplicité.
(p.166)



Intro : L’enquête sur la saveur recherchée touche à son but comme l’indique le titre de la section. En quoi la fin du romance est-elle une double révélation, à la fois sur la saveur recherchée mais aussi le Moi profond du personnage ?


I-                     Une fin attendue ?
a)       Ma mort annoncée du personnage
-          « je meurs » : deux derniers mots du  roman. Présent de narration, côté tragique, théâtral
-          « avant que je ne trépasse » : subordonnée circonstancielle de temps
-          «  au crépuscule de ma vie » « l’heure de ma mort » : métaphore temporelle, peu de temps à vivre
-          « j’aurais pu » conditionnel passé : regret
-          « toute ma vie durant » x2 : sa vie touche à sa fin
-          « terminer le festin » métaphore de sa vie qui s’achève
-          « seules les dernières seraient mâchées, et remâchées avec le désespoir de la fin imminente » : hyperbole
Au niveau narratif, pas de surprise, le retournement se situe d’avantage dans la révélation du personnage à travers la simplicité de la saveur cherchée
b)       Une solution étonnante
-          « Cette sensation-la »  emphase, sensation unique
-          Nombreuses occurrences « chouquette » x4 : la simplicité du met recherché contraste avec le statut du psg
-          Champ lexical des ingrédients de la chouquette
-          « ces chouquettes de supermarché » : la chouquette n’est pas mise en valeur
-          « doigts poisseux » : simplicité de la façon de manger
-          « avaler » « mâcher et remâcher » « plaisir brute » « authentique » « langue » « mâchoire »: acte mécanique
L’évocation de cette chouquette vient donc contredire le caractère exigeant du psg mais confirme aussi ses passions développées tout au long du roman
II-                   La confirmation des passions
a)       Un personnage centré sur lui-même
-          Omniprésence de la première personne
-          Absence d’évocation de ses proches sauf de Paul cependant associé à « importe peu »
-          « noyau de nous-mêmes » « notre propre jouissance » : très individuel
Même dans l’évocation de Dieu, on a un retour sur soi. Le roman est construit sur ses souvenirs à lui.
-          Souvenirs abordés avec de l’imparfait
b)       La critique gastronomique
-          « on a beaucoup écrit … bouchée » : gradation ternaire : l’écriture est lié à al nourriture
-          Importance de l’écriture : occurrence du verbe écrire
-          Hyperbole « toute ma vie durant, écrire pour elle »
-          « ineffable » « indicible » : la critique culinaire est un art
-          Lyrisme gastronomique : oxymore « un indicible ballet fondant et croustillant »
-          Douces transitions, virgules, rappelant la chouquette
Sous la plume du critique, la chouquette devient poésie.  La poésie de l’écriture gastronomique explose dans cet explicit qui poursuit et renchérit dans le style hyperbolique pour évoquer la saveur
III-                  Le délire libérateur
a)       Sensualité de la chouquette
Comme la viande dégustée à Tanger dans l’enfance, la chouquette revêt un plaisir charnel inattendu
-          Champ lexical du corps « langue » « bouche » « joue » « dents » « doigt » « mâchoire » « muqueuse »
-          Hyperboles « bouche orgasmique » « l’apothéose d’un désir authentique et d’un plaisir sans mélange »
-          « je l’avalais rapidement parce qu’il y en avait encore 19 autres à connaître » personnification
-          Métaphore filée de la caresse « effleurement » « douceur » « sans heurt »
-          Connotations sexuelles « sensuelle » « indécente »
Juste avant sa mort, le personnage revient à des élans humains fondamentaux : sensualité et spiritualité
b)       Spiritualité du plaisir gustatif
-          Champ lexical de la religion « dieu » « divin » « amen » « sacrifié » « mystique » « offrande »
-          « au nom du père, du fils et de la chouquette » : parodie de la prière chrétienne. La chouquette remplace le St esprit
-          Le plaisir est tellement intense qu’il atteint Dieu « j’ai atteint dieu »
-          « La chouquette était l’assomption de ma force de vie et d’exister » : le personnage a enfin trouvé la saveur, il peu mourir tranquille
-          Il explique sa propre conception de Dieu « Dieu c'est-à-dire »
-          « la question ce n’est pas de manger, ce n’est pas de vivre, c’est de savoir pourquoi » : vérité générale finale indique que c’est une quête de la saveur mais surtout de lui-même
-          « après tant d’années d’errance » : cf biblique à la brebis égarée

Conclusion  : La piste de la simplicité était donc la bonne. Reconversion à ce qu’il aime vraiment loin des « désirs glorieux » « : la nourriture simple et l’écriture gastronomique. C’est à cela que correspond cette « illumination » au de la de toute ce que le lecteur a pu glaner comme informations sur lui au fil du livre. Le titre de l’œuvre trouve alors tout son sens ; cette saveur tant recherchée n’est qu’une toute simple gourmandise